vendredi 2 mai 2014

Lebor Gabala Erenn (5)

"Cessair", par Jim Fitzpatrick

§26. Cessons [à ce point] d'évoquer les histoires des Gaedils, afin que nous puissions parler des sept peuples qui prirent l'Irlande avant eux. Cessair, fille de Bith, fils de Noé la prit, quarante jours avant le Déluge. Partholon, fils de Sera, trois cents ans après le Déluge. Nemed, fils d'Agnomain des Grecs de Scythie, à la fin de trente années après Partholon. Ensuite les fir Bolg. Ensuite les Fir Domnann. Ensuite les Gailioin [ou bien, avec eux]. Ensuite les Tuatha De Danann. [Les Fils de Mil ensuite, comme le dit Fintan]. Unde Fintan cecinit, 
L'Irlande – quoi qu'on m'interroge,
Je la connais convenablement,
Chaque prise qui l'ait prise
Depuis le début du monde mélodieux.

Cessair vint de l'Est
La femme était fille de Bith :
Avec ses cinquante jeunes filles,
Avec ses trois hommes.

Le Déluge recouvrit Bith dans sa montagne,
Ce n'est pas un secret ;
Ladra à Ard Ladrand,
Cesssair dans sa Retraite..

Mais en ce qui me concerne, Il m'ensevelit,
Le Fils de Dieu, au-dessus de la compagnie,
Il ôta le Déluge de moi
Au-dessus du lourd Tul Tuinde.

J'eus une année sous le Déluge,
Dans le fort Tul Tuinde,
Je ne trouvai rien pour ma subsistance,
Un sommeil ininterrompu valait mieux.

J'étais en Irlande ici,
Mon voyage durait infiniment,
Jusqu'à ce que Partholon arrive,
De l'Est, du pays des Grecs.

J'étais ici en Irlande,
Et l'Irlande était déserte,
Jusqu'à ce que le fils d'Agnomain accoste, Nemed,
A la brillante manière.

Les Fir Bolg et les Fir Gailian vinrent,
C'était il y a longtemps ;
Les Fir Domnann vinrent,
Ils accostèrent un cap dans l'ouest.

Ensuite vinrent les Tuatha De,
Dans leur masse de brouillard,
Si bien qu'il y eut subsistance pour moi,
Bien que ce soit une longue vie.

Les fils de Mil vinrent d'Espagne,
Du sud, si bien qu'il y eut
Subsistance pour moi de leurs mains,
Bien qu'ils fussent forts en bataille.

J'ai hérité d'une longue vie,
Je ne le cacherai pas ;
Jusqu'à ce que la Foi me submerge,
Du Roi du Ciel des nuages.

Je suis Fintan le blanc, fils de Bochra,
Je ne le cacherai pas ;
Depuis le Déluge je suis ici,
Un noble et grand sage.

§27. Incipit de Les Prises de l'Irlande. Ensuite Cessair fille de Bith, fils de Noé la prit, ut poeta dixit, quarante jours avant le Déluge.
Voici la raison de sa venue, la fuite du Déluge, car Noé leur dit : “Levez-vous, dit-il, [et allez] à la limite occidentale du monde, peut-être le Déluge ne l'atteindra pas”.

§28. L'équpage de trois navires arriva à Dun na mBarc dans le territoire de Corco Daibne. Deux des navires furent naufragés. Cessaie, avec l'équipage de son navire, s'échappa, cinquante femmes et trois hommes : Bith, fils de Noé, d'où Sliab Betha [est nommée] – là il fut enterré, dans le grand tertre de pierre de Sliab Betha ; Ladra le pilote, d'où est Ard Ladran – il est le premier homme mort qui alla sous le sol d'Irlande ; Fintan, fils de Bochra, d'où la “Tombe de Fintan” sur Tul Tuinde. Cessair mourut à Cul Cessrach en Connacht, avec ses cinquante servantes.

§29. Voici leurs noms, ut Fintan cecinit :

Une juste division nous avons opérée entre nous,
moi-même et Bith et Ladra le chauve,
Pour la paix et pour la raison elle fut faite,
en matière de cinquante magnifiques jeunes filles.

Dix-sept femmes je pris, y compris Cessair -
Lot, Luam, Mall, Mar, Froechar, Femar, Faible, Foroll,
Cipir, Torrian, Tamall, Tam, Abba, Alla, Baichne, Sille : 
C'est le récit de ce que nous étions alors.


Dix-sept prit Bith, avec Bairrfhind -
Sella, Della, Duib, Addeos, Fotra, Traige, Nera, Buana,
Tamall, Tanna, Nathra, Leos, Fodarg, Rodarg, Dos, Clos:
qu'on entende – c'était elles notre peuple.


Seize ensuite avec Ladra :
Alba, Bona, Albor, Ail, Gothiam, German, Aithne,
Inde, Rodarg, Rinne, Inchor, Ain, Irrand, Espa, Sine, Samoll:
C'était notre agréable compagnie.

Aucun de la semence d'Adam ne prit l'Irlande avant le Déluge, si ce n'est ceux-là.

jeudi 1 mai 2014

Lebor Gabala Erenn (4)



§22. Brath fils de Death fils d'Ercha fils d'Allot fils de Nuadu fils de Nenual fils de Febri Glas fils d'Agni find fils d'Eber Glunfhind fils de Lamfhind fils d'Agnomain fils de Tat fils d'Agnomain fils de Boamain fils d'Eber Scot fils de Sru fils d'Esru fils de Gaedel Glas fils de Nel fils de. Feinius Farsaid: 
C'est ce Brath qui sortit des Marais le long de la mer Torrienne, vers la Crète et la Sicile. Ils atteignirent ensuite l'Espagne. Ils prirent l'Espagne par la force.


§23. En ce qui concerne Agnomain fils de Tat, il est le chef des Gaedil qui sortirent de Scythie. Il avait deux fils, Lamfhind et Allot. Lamfhind avait un fils, Eber Glunfhind. Allot avait un fils, Eber Dub1, à l'époque du séjour dans les Marais. Ils eurent deux petits-fils en gouvernement conjoints, Toithecht fils de Tetrech fils d'Eber Dub, et Nenual fils de Fabri, fils d'Agni fils d'Eber Glunfhind. Il y avait aussi Soithecht, fils de Mantan, fils de Caicher.

Ucce et Occe, deux fils d'Allot fils de Nenual fils de Nemed fils d'Allot fils d'Ogamain fils de Toithecht fils de Tetrech fils d'Eber Dub fils d'Allot.

§24. Forts de quatre compagnies de navires les Gaedils vinrent en Espagne. Dans chaque navire quatorze couples mariés et sept serviteurs célibataires. Brath, une compagnie de navires, Ucce et Occe, deux compagnies de navires [Ils étaient deux frères, les fils d'Allot fils de Nenual, fils de Nemed, fils d'Allot, fils d'Ogamin], Mantan [fils de Caicher le druide, fils d'Ercha, fils de Coemthecht] une compagnie de navires. Or ils livrèrent trois batailles après être allés en Espagne : une bataille contre les Tosques, une bataille contre les Lombards, et une bataille contre les Barchu. Mais il y eut une peste parmi eux, et vingt-quatre d'entre eux moururent, y compris Occe et Ucce. Personne n'échappa de leurs deux navires, sauf deux fois cinq hommes, y compris En fils d'Occe et Un fils d'Ucce.

§25. Brath avait un bon fils nommé Breogan, par qui fut construite la Tour et la ville – Bragance était le nom de la ville. C'est de la Tour de Breogan qu'on vit l'Irlande ; au soir d'un jour d'hiver, Ith fils de Breogan la vit. Unde Gilla Coemain cecinit--

Gaedel Glas, d'où viennent les Gaedil,
Il était le fils de Nel, avec des réserves de richesses ;
Il était puissant d'ouest en est ;
Nel, fils de Fenius Farsaid.

Fenius avait deux fils – je parle vrai -
Nel notre père et Nenual,
Nel éait né à la tour dans l'est,
Nenual en Scythie, brillante comme un bouclier.

Après Fenius, le héros de l'océan,
Il y eut une grande dispute entre les deux frères :
Nel tua Nenual, qui n'était pas doux ;
Le Haut Roi fut expulsé.

Il alla en Egypte par sa valeur
Jusqu'à atteindre le puissant Pharaon ;
Jusqu'à ce qu'il lui accorde Scota, à la beauté sans limite
La modeste et simple fille de Pharaon.

Scota porta un fils au noble Nel,
D'où est née une noble et parfaite race :
Gaedel Glas fut le nom de cet homme -
Ses armes et sa vêture étaient verts.

Le féroce Esru fut son fils,
qui fut un seigneur aux lourdes armes ;
Le fils d'Esru, Sru des anciennes armées,
A qui il est convenable d'attribuer tout la gloire.

Sru, fils d'Esru, fils de Gaedel,
Notre ancêtre, se réjouissant des troupes,
C'est lui qui alla au nord vers sa maison,
Sur la rouge Mare Rubrum.

Les équipages de quatre navires, voilà le compte
De son armée le long de la rouge Mare Rubrum :
Dans sa maison de planches, dirions-nous,
Vingt-quatre couples mariés.

Le prince de Scythie, c'est un fait établi,
Le jeune dont le nom était Nenual,
C'est alors qu'il mourut dans sa maison -
Quand les Gaedil arrivèrent.

Eber Scot des héros assuma la royauté
Sur la descendance de Nenual, sans honte,
Jusqu'à sa chute, sans noble gentillesse,
Des mains de Noemius, fils de Nenual.

Le fort fils d'Eber, ensuite, qui portait le nom de Boamain,
De parfaite pureté, jusqu'à la côte
De la Caspienne il fut roi,
Jusqu'à sa chute de la main de Noemius.

Noemius, fils de Nenual de la Force
S'établit en Scythie, carrelé comme un bouclier ;
Le parfait beau prince tomba
De la main d'Ogamain, fils de Boamain.

Ensuite Ogamain fut prince
Après Noemius de bonne force ;
Jusqu'à ce qu'il tombe dans son territoire, sans église.
Après lui Refill fut roi.

Ensuite refill tomba par
La main de Tat, fils d'Ogomain ;
Tat tomba, bien qu'il ne fût pas faible,
Par la main de Refloir, fils de Refill

Refloir et Agnomain, sans défaut,
Furent en dispute pendant sept années,
Jusqu'à ce que Refloir tombe en tumulte,
De la main victorieuse d'Agnomain.

Noinel et Refill, avec une pointe [de lance]
Deux fils de Refloir, fils de Refill,
Ils jetèrent Agnomain sur la mer démontée,
Grande et verte.

Bons étaient les chefs, c'était suffisant,
Qui sortirent de Scythie ;
Agnomain, Eber, sans défaut,
Les deux fils de Tat, fils d'Ogamain.

Allot, Lamfhind à la main verte,
C'est évident, les deux fils du très brillant Agnomain,
Caicher et Cing, gloire avec victoire
Les deux bons fils d'Eber à la monture rouge.

Le nombre de leurs navires,
Trois navires surmontant les lourdes vagues,
Trois troupes de chaque bateau,
C'est clair, et des femmes chaque troisième équipage.

Agnomain mourut, ce n'es tpas un reproche,
Dans les îles de la grande Mer Caspienne.
L'endroit où ils furent durant un an,
Il le trouvèrent très secret.

Ils atteignirent la pleine Mer Libyenne,
Navigation de six jours entiers d'été ;
Glas, fils d'Agnomain, qui n'était pas méprisable,
Mourut là en Cercina.

Une belle île ils trouvèrent là
Sur la Mer Libyenne aux lames de guerriers ;
Une saison sur une année, avec gloire,
Ils séjournèrent dans cette île.

Ils naviguent sur la mer,
c'est un acte brillant, de jour comme de nuit ;
Le brillant des mains du glorieux Lamfhind
Etait semblable à de belles chandelles.

Quatre chefs ils avaient, qui n'étaient pas méprisables,
Après être venus sur la Mer Libyenne :
Allot, Lamfhind, rapide sur l'océan,
Cing et son frère, Caicher.

Caicher trouva un remède pour eux
Là-bas pour la mélodie des sirènes.
Voici le remède que trouva le beau Caicher :
Fondre de la cire dans leurs oreilles.

Ils trouvèrent une source et un pays
Au cap Rhipéen de grand pouvoir,
Qui avait alors le goût du vin ;
La soif les vainquit puissamment.

Bruyamment, bruyamment ils dormirent
Jusqu'à la fin de trois jours, sans tristesse,
Jusqu'à ce que Caicher le druide fidèle
Eveille les hommes nobles, impatiemment.

C'est Caicher (brillante réalisation !)
qui fit une prophétie pour eux,
Aux monts Rhipéens, au cap,
Nous n'aurons pas de repos avant l'Irlande”.

En quel endroit se trouve la noble Irlande ?”
dit Lamfhind le violent guerrier.
Très loin”, dit alors Caicher,
Ce n'est pas nous qui l'atteindrons, mais nos enfants”.

Ils avancèrent en bataillon, pleins de venin
Vers le sud au-delà du cap des Thipéens :
La progéniture de Gaedel, avec pureté
Ils abordèrent dans les Marais.

Un fils glorieux naquit là
A Lamfhind, fils d'Agnomain ;
Eber Glunfhind, pur griffon,
Grand-père aux cheveux bouclés de Febri.

La famille de Gaedel, le rapide et blanc,
ils furent trois cents ans dans ce pays ;
ils demeurèrent là désormais,
Jusqu'à la venue de Brath le victorieux.

Brath, le noble fils à la mort fidèle,
Vint en Crète, en Sicile,
L'équipage de quatre navires, navigation sauve,
L'Europe à main droite, droit sur l'Espagne.

Occe et Ucce sans défaut,
Les deux fils d'Allot, fils de Nenual ;
Mantan, fils de Caicher, fidèle Brath,
Ils étaient les quatre chefs.

Quatorze hommes avec leurs femmes
faisaient l'équipage de chaque navire plein de guerriers,
et six nobles serviteurs ;
Ils gagnèrent trois batailles en Espagne.

Noble la première bataille – je ne le cacherai pas
- qu'ils gagnèrent contre l'armée des Tosques ;
Une bataille contre les Bachra, avec violence,
Et une bataille contre les Lombards.

C'est après la sinistre bataille
Qu'il leur vint une peste d'un jour :
Les gens des navires des fils d'Allot
Sans faute moururent sauf dix personnes.

Un et En s'en sortirent,
Deux nobles fils des forts chefs :
Ensuite naquit Bregon,
Père de Bile le fort, l'enragé.

Il livra un grand nombre de conbats et de batailles
Contre les armées multicolores d'Espagne ;
Bregon aux cris d'actions valeureuses,
Des combats, par qui fut construite Brigantia.

Bregon, fils de Brath, noble et bon,
Il avait un fils, Mil ;
Les sept fils de Mil – bonne est leur troupe -
Y compris Eber et Eremon.

Avec Dond, et Airech des batailles,
Y compris Ir, avec Arannan,
Y compris Amorgen au brillant visage,
Et avec Colptha de l'épée.

Les dix fils de Bregon, sans fausseté,
Brega, Fuat, et Murthemne,
Cualnge, Cuala, renom où qu'il soit.
Ebleo, Nar, Ith et Bile

Ith, fils de Bregon au nom mélodieux,
Vint le premier en Irlande :
Il est le premier des hommes à l'habiter,
De la noble semence du puissant Gaedil.



1 Noter le symbolisme des deux branches : Eber aux genoux blancs est le cousin d'Eber le sombre. On retrouvera ce symbolisme des deux couleurs plus tard.

Lebor Gabala Erenn (3)



§14. Or ce fut le temps où Gaedel Glas [d'où viennent les Gaedil] naquit, de Scota, fille de Pharaon. C'est d'elle que sont nommés les Scots, ut dictum est

Les Feni sont nommés d'après Fenius
Signification sans cachotteries ;
Gaedil vient de Gaedel Glas le beau,
Les Scots de Scota.


§15. C'est Gaedel Glas qui façonna la langue gaélique à partir des soixante-douze langues ; voici leurs noms : Bithynien, Scythien, etc. Under poeta cecinit 

Les langues du monde, voyez par vous-mêmes :
Bithynie, Scythie, Cilicie, Hyrénie,
Gothie, Grèce, Germanie, Gaule avec horreur,
Pentapolis, Phrygie, Palmatie, Dardanie.

Pamphylie, Maurétanie, Lyconie populause,
Bactrians, Crète, Corse,
Chypre, Thessalie, Cappadoce, noble Arménie,
Rétie, Sicile, pays des Sarrazins, Sardaigne.

Belgique, Béotie, Bretagne, Rhodes aux airs de musique,
Hispanie, Rome, Rhegini, Phénicie,
Inde, Arabie dorée,
Mygdonie, Mazaca, Macédonie.

Parthie, Carie, Syrie, Sexons,
Athènes, Achaïe, Albanie,
Hébreux, Arcadie, claire Galatie,
Troade, Thessalie, Cyclades.

Moésie, Médie, Perside, Francs,
Cyrène, Lacédémone, Lombards,
Thrace, Numidie, Hellade,
Ecoutez ! Eminente Italie, Ethiopie, Egypte.

Voilà le comptage des langues,
à partir desquelles, sans ternir, Gaedel fit le Gaedelique ;
Leur liste de compréhension m'est connue,
Les groupes, les langues nombreuses.

§16. Or Sru, fils d'Esru, fils de Gaedel, c'est lui qui était le chef des Gaedils qui sortirent d'Egypte après que Pharaon fut noyé [avec son armée dans la Mer Rouge d'Israel] ; sept cent soixante-dix ans du Déluge jusqu'ici.

Quatre cent quarante ans depuis l'époque à laquelle Pharaon fut noyé et après que Sru fils d'Esru sortit d'Egypte, jusqu'au temps où les fils de Mil vinrent en Irlande, à savoir Eber et Eremon. A ce propos il est dit,

Quarante et quatre cents années – ce n'est pas fausseté -
depuis l'époque où le peuple de Dieu vint,
soyez certains, sur la surface de Mare Rubrum,
jusqu'à ce qu'ils accostent à Scene de la mer claire,
eux, les Fils de Mil, au pays d'Irlande.


§17. Fort de quatre compagnies de navires, Sru sortit d'Egypte. Il y avait vingt-quatre couples mariés et trois serviteurs pour chaque navire. Sru et son fils Eber Scot, ils étaient les chefs de l'expédition. [c'est alors que Nenual fils de Baath, fils de Nenual, fils de Fenius Farsaid, prince de Scythie, mourut, et] Sru également mourut immédiatement après avoir atteint la Scythie.


§18. Eber Scot prit [par force] la royauté de Scythie de la progéniture de Nenual, jusqu'à ce qu'il tombe des mains de Noemius, fils de Nenual. Il y eut une dispute entre Noemius et Boamain, fils d'Eber Scot. Boamain prit la royauté jusqu'à ce qu'il tombe des mains de Noemius. Noemius prit la princpauté jusqu'à ce qu'il tombe des mains d'Ogamain, fils de Boamain, en vengeance de son père. Ogamin prit la royauté jusqu'à sa mort. Refill, fils de Noemius, prit la royauté jusqu'à ce qu'il tombe des mains de Tat, fils d'Ogamain. Ensuite Tat tomba des mains de Refloir, fils de Refill. Ensuite il y eut une dispute pour la souveraineté entre Refloir [petit-fils de Noemius] et Agnomain, fils de Tat, jusqu'à ce que Refloir tombe des mains d'Agnomain.

§19. Pour cette raison la semence de Gaedil fut envoyée sur la mer, à savoir Agnomain et son fils Lamfhind, si bien qu'ils furent sept années sur la mer, contournant le monde du côté nord.
Innombrables sont les épreuves qu'ils subirent. [La raison pour laquelle le nom de Lamfhind fut donné au fils d'Agnomain est que la radiance des chandelles n'était pas plus grande que ses mains au remorquage]. Ils avaient trois navires avec un attelage entre eux, afin qu'aucun ne s'éloigne des autres. Ils eurent trois chefs après la mort d'Agnomain sur la surface de la grande mer Caspienne, Lamfhind, et Allot et Caicher le druide.

§20. C'est Caicher le druide qui leur donna le remède, quand la Sirène leur chantait sa mélodie : le sommeil les vainquait au son de la musique. Voici le remède que Caicher leur trouva, faire fondre de la cire dans leurs oreilles. C'est Caicher qui leur parla, quand le grand vent les emporta dans l'Océan, si bien qu'ils souffrirent beaucoup là-bas de la faim et de la soif, jusqu'à ce que, après une semaine, ils atteignent le grand promontoire qui est au nord des montagnes Rhipéennes, et à ce promontoire ils trouvèrent une source au goût de vin, et ils firent là un festin, et restèrent là trois jours et trois nuits endormis. Mais Caicher le druide dit : Levez-vous, dit-il, nous ne nous reposerons pas avant d'avoir atteint l'Irlande. Quel endroit est cette “Irlande” ?, demanda Lamfhind, fils d'Agnomain. Plus loin que la Scythie, dit Caicher. Ce n'est pas nous qui l'atteindrons, mais nos enfants, à la fin de trois cents années à partir d'aujourd'hui.


§21. Ensuite ils s'établirent dans les marais Macotiques, et là un fils naquit de Lamfhind, Eber Glunfhind [il y avait des marques blanches sur ses genoux]. C'est lui qui devint chef après son père. Son petit-fils fut Febri [Glunfhind]. Son petit-fils fut Nuadu.

Lebor Gabala Erenn (2)



§8. Alors Sem s'établit en Asie, Ham en Afrique, Iafeth en Europe.

Sem s'établit dans la plaisante Asie ;
Ham avec sa progéniture en Afrique, le noble Iafeth et ses fils,
ce sont eux qui s'établirent en Europe.

Seth eut trente fils, y compris Arfaxad, Assur, et Persius. Ham eut trente fils, y compris Chus et Chanaan. Iafeth en eut quinze, y compris Dannai, Gregus, Hispanus, Gomer. Ou bien c'est vingt-sept fils qu'eut Sem.

Trente fils brillants, un fait éclatant,
Ils vinrent de Ham, fils de Noé,
Vingt-sept qui viennent de Sem,
Et quinze de Iafeth.

§9. [En ce qui concerne] Iafeth [fils de Noé], à lui est la partie nord de l'Asie – à savoir l'Asie Mineure, l'Arménie, la Médie, le peuple de Scythie, et de lui viennent les habitants de toute l'Europe.
Grecus fils de Iafeth, à lui est la Grecia Magna, Grecia Parva et la Grèce Alexandrienne. Espanus fils de Iafeth, d'où viennent les Hispani. Gomer fils de Iafeth eut deux fils, Emoth et Ibath. Emoth, de lui vient le peuple du nord du monde. Ibath eut deux fils, Bodb et Baath. Bodb, qui eut un fils, Dohe.

Elinus fils de Dohe eut trois fils, Airmen, Negua, Isacon. En ce qui concerne Airmen, il eut cinq fils, Gutus, Cebidus, Uiligothus, Burgundus, Longbardus. Negua eut trois fils, Saxus, Boarus, Uandalus. Isacon, en outre, un des trois fils d'Elenus, eut quatre fils, Romanus, Francus, Britus, Albanus.

C'est cet Albanus qui prit le premier l'Albania, avec ses enfants, et c'est de lui qu'est nommée Alba. Ainsi il conduisit sont frère à travers la Mer d'Icht, et de lui viennent les Albaniens du Latium en Italie.

§10. Magog, fils de Iafeth, de sa progéniture viennent les peuples qui vinrent en Irlande avant les Gaedil, à savoir Partholo, fils de Sera fils de Sru fils d'Esru fils de Bimbend (sic) fils de Magog fils de. Iafeth ; et Nemed fils d'Agnomain fils de Pamp fils de Tat fils de Sera fils de Sru ; et la progéniture de Nemed, les Gaileoin, Fir Domnann, Fir Bolg et Tuatha De Danann. Comme le dit le poète,

Magog fils de Iafeth,
il y a certitude de sa progéniture ;
D'eux vient Partholon de Banba
- Convenable fut sa réussite.

D'eux vient le noble Nemed fils d'Agnomain, l'unique ; d'eux vienrent Gand et Genand, Sengand, le libre Slaine.


La nombreuse progéniture d'Elada, d'eux vient Bress, sans mensonge : fils d'Elada expert en armes, fils de Delbaeth, fils de Net, fils d'Inda, fils d'Allda – Allad aqui était fils de Tat, fils de Tabarn, fils d'Enda, fils de Baath, [fils du] plaisant Ibath, fils de Bethach, fils d'Iardan, fils de Nemed, petit-fils de Pamp ; Pamp, fils de Tat, fils de Sera, fils de Sru, fils du blanc Braiment. De Braiment, fils d'Aithech, fils de Magog, de grand renom : il arriva à leur époque une apparition commune contre une Plaine. (?)


§11. Baath [l'un des deux fils d'Ibath], fils de Gomer, fils de Iafeth ; de lui viennent les Gaedil et le peuple de Scythie. Il avait un fils, le noble homme éminent dont le nom était Fenius Farsaid. [c'est lui qui était l'un des soixante-douze chefs qui vienrent pour la construction de la Tour de Nemrod, d'où les langues furent dispersées]. Cependant, Nemrod lui-même était fils de Cush, fils de Ham, fils de Noé. C'est ce Fenius précité qui apporta la Langue du Peuple de la Tour ; et c'est lui qui avait une grande école, apprenant la multiplicité des langues.

Illustration : Aron Mizrahi

§12. Or Fenius avait deux fils : Nenual [l'un des deux] à qui il laissa la principauté de Scythie après lui ; Nel, l'autre fils, il naquit à la Tour. Or il était un maître de toutes les langues. C'est pourquoi on vint [le convoquer] de la part de Pharaon, afin d'apprendre de lui la multiplicité des langues. Mais Fenius quitta l'Asie pour la Scythie, d'où il était venu pour la construction de la Tour ; si bien qu'il mourut dans la principauté de Scythie, après quarante années, et il transmit la royauté à son fils Nenual.


§13. A la fin de quarante-deux années après la construction de la Tour, Ninus fils de Belus prit la royauté du monde. Car personne n'essaya d'exercer l'autorité sur les peuples, ou d'amener la multitude des nations sous un chef, et sous les taxes et les tributs, mais lui seul. Auparavant il y avait eu des chefs ; lui qui était le plus noble et le plus en vue dans la communauté, c'est lui qui était le chef conseiller de chaque homme ; lui qui évitait toute injustice, et qui favorisait toute justice. Aucune tentative ne fut faite pour envahir ou dominer d'autres nations.


(à suivre...)

Lebor Gabala Erenn (1)

Lebor Gabála Erenn
Le Livre des Prises de l'Irlande
mieux connu comme
Le Livre des Invasions
trad. française de l'anglais par F.Morvan
La traduction fournie ici est basée sur l'édition de la Irish Texts Society, la section finale – celle des Milésiens – étant fournie par la traduction de Cross et Slover. A ma connaissance, les deux sont dans le domaine public.
Illustration de Jim Fitzpatrick

§1. In principio fecit Deus Cawlum et Terram, c'est-à-dire Dieu fit le Ciel et la Terre en premier [et il n'a lui-même ni commencement ni fin].


§2. Il fit d'abord la masse sans forme, et la lumière des anges, [le premier dimanche]. Il fit le firmament [le lundi]. Il fit la terre et les mers [le mardi]. Il fit le Soleil et la Lune et les étoiles du Ciel [le mercredi]. Il fit les oiseaux [de l'air] et les reptiles [de la mer, le jeudi]. Il fit les animaux (de la terre] en général, et Adam pour règner sur eux [le vendredi]. Alors Dieu se reposa [le samedi] de l'accomplissement d'une nouvelle Création [mais en aucun cas de sa gouvernance].

§3. [Ensuite] Il donna l'intendance du Ciel à Lucifer, avec les neuf Ordres des Anges du Ciel. Il donna l'intendance de la Terre à Adam [et à Eve, avec sa progéniture]. [Ensuite] Lucifer pécha, si bien qu'il fut le chef d'un tiers de la troupe des anges. Le Roi l'enferma, et avec lui un tiers de la troupe des anges, en Enfer. Et Dieu dit à l'Ennemi du Ciel : [Arrogant est ce Lucifer], unite et confundamus consilium eius.

§4. Ensuite Lucifer eut de l'envie envers Adam, car il était assuré que cela lui serait donné [Adam], plénitude du Ciel dans son Hall [celui de Lucifer]. Pour cette raison, il [Iofer Niger] vint sous la forme du serpent, et persuada [Adam et] Eve de pécher, en mangeant de la pomme de l'arbre interdit. C'est pourquoi Adam fut expulsé du Paradis vers la terre ordinaire.

§5. Alors le Seigneur vint à eux, et il dit à Adam, Terra es et in terram ibis [c'est-à-dire, De terre tu es fait, et à la terre tu iras]. In sudore uultus fui comedes panem tuum [c'est-à-dire, il n'obtiendra pas satisfaction sans travail]. Il dit alors à la femme : Cum dolore et gemitu paries filios tuos et filias tuas [c'est-à-dire, c'est avec douleur que tu porteras tes fils...].

§6. La progénitude d'Adam pécha [ensuite], à savoir l'aîné des fils d'Adam, Cain le maudit, qui tua son frère Abel... [par sa jalousie ?] et par son envie, avec l'os d'un chameau, comme le disent les hommes instruits. [De cette manière ?] commença le meurtre de parenté dans le monde.

§7. En ce qui concerne Seth, l'un des trois fils d'Adam [qui eut une progéniture], de lui viennent les hommes du monde entier. Noé fils de Lamech fils de Mathusalem fils d'Enoch fils de Iared fils de Malalahel fils de Cainan fils d'Enos fils de Seth fils d'Adam. Car c'est Noé qui est le second Adam, d'où viennent les hommes du monde entier. Car le Déluge noya toute la semance d'Adam, sauf Noé avec ses trois fils, Sem, Ham, Iafeth, et leurs quatre femmes Coba, Olla, Oliva, Olivana. Ensuite, quand Dieu déversa le Déluge sur le monde entier, aucun des peuples du monde n'échappa du Déluge à l'exception des gens de cette arche – Noé avec ses trois fils, et la femme de Noé, les femmes de ses fils.

Ut dixit poeta,

Une foule qu'une mort glaciale ne soumettra pas,
Noé, il n'y avait pas de faiblesse du héros,
Une histoire d'horreur a été éclaircie avec acuité
Sem, Ham et Iafeth.

Femmes sans couleurs mauvaises, grandes excellences,
Par-dessus le Déluge sans extinction,
Coba, vigoureux était le blanc cygne,

Olla, Oliva, Olivana.
(à suivre...)