ACALLAM NA
SENÓRACH
Contes
des Aînés d’Irlande
bilingue irlandais –
français
Trad.
fr. de Frédérick Morvan, d’après la trad. anglaise d’Ann
Dooley et Harry Roe. Le texte de référence est celui publié par
Whitley Stokes, Acallamh na Senórach
in Irische Texte, Ed.
Whitley Stokes et Ernst
Windisch. series 4 volumes 1 (1900) pages xiv+1-438
§
22. ‘Ocus Caol Cródha cét-ghuinech ua Nemhnain (.i. cur) conáich
co neimh ro bhúi ac Finn, & ba h-í so neimh ro bhái fair: ór
nír' dhibraic a lám urchar n-imroill riam, & nír' fuiligh a
lám ar dhuine riamh mín bud marb acedóir nach bhud marbh ria cinn
nómaide, & ní thainig a tig iffirn riam cech duine ro muirbfed.
Ocus Oisín mac Finn in té nár' ér duine riamh acht gu m-beth cenn
re caithimh neich aigi & cosa re h-imthecht’ ‘Is mór in
teisd sin, a Cáilti’, ar Pátraic. ‘As fír cidh sin’, ar
Cáilte, & adubairt:
§
22. « Il y avait aussi un guerrier doué en magie dans la
maison de Finn, Cáel Cródae le Brave et Blesseur-Rapide
(Cétguinech),
descendant de Nemnán. La force de sa magie était telle qu’il ne
manquait jamais un jet, et tout homme que sa main ensanglantait
mourait en neuf jours, sinon tout de suite, et aucun homme qu’il
tuait n’échappait de la maison de l’Enfer. De même, Oisín, le
fils de Finn, qui ne refusait jamais l’hospitalité à quiconque
avait une bouche pour manger et des jambes pour voyager ».
« Ceci est un grand éloge, ô Caílte », dit Patrick.
« C’est la vérité », dit Caílte, et il récita
ceci :
Nír' ér Oisín duine riamh im ór
ná im aircet ná im biadh,
ní mó do chuinnigh ní ar nech gémad inn-rígh a oinech.
ní mó do chuinnigh ní ar nech gémad inn-rígh a oinech.
« Jamais Oisín ne refusa à
aucun homme, ni or, ni argent ni nourriture,
Ni ne demanda jamais aucune faveur, à
aussi grand qu’un roi ».
§
23. ‘Ocus Oscar mac Oisín .i. in mac rígh ba ferr lúth &
lámach ro bái a n-Érinn, & Ferdhoman mac Buidhbh Deirg meic
in Daghda, & Raighne Roisclethan mac Finn, & Caince
Corcairderg mac Finn, & Glas mac Eincherda Bera, & Mac
Lugach lám-echtach, & misi féin’, ar Cáilte. ‘Ocus ba h-í
ar cétfuidh dhin féin, a naemh Pátraic, co nach raibhi ó
Theprofháne co Garrdha na n-Isperda a n-iarthar in domain ceithre
cét laech nach dingébhmais a láthair chatha & chomlainn. Óir
ní raibhi guala gan gel-sciath, ná cenn gan cathbarr, ná des-dorn
gan dá manáis móir-leabra co suainemaib lín lan-chadait a
foscadaib na crand. Ocus luidh-sium romhainn fón réim-sin co
ráncamar Sliabh Lodáin meic Lir, & nír' chian dúin ann co
cualamar dluth-chomhrád na bh-fer ag dénam shealga ar in muigh.’
§
23. « Il y avait aussi Oscar, le fils d’Oisín, c’est-à-dire
le fils de roi qui était le plus grand homme en Irlande en agilité
et en maniement d’armes, et Ferdoman, fils de Bodb Derg, fils du
Dagda, et Raigne Œil-Large (Rosclethan),
fils de Finn, et Caince Rouge-Pourpre (Corcairderg),
et Glas, fils d’Aencherd Berra, et Mac Lugach, et moi-même »,
dit Caílte. « Nous étions tels, Patrick, selon notre propre
estimation, que, de Ceylan à l’est jusqu’au Jardin des
Hespérides à l’ouest du monde, on ne pouvait trouver quatre
cents guerriers que nous n’aurions battus à plate couture en
bataille ou en combat. Un bouclier blanc sur chaque épaule, un
casque sur chaque tête, et deux lances énergiques, avec de
robustes cordes sur la hampe, dans chaque main droite. Nous
continuâmes notre voyage jusqu’à ce que nous arrivions à la
Montagne de Lodán, fils de Lir, et bientôt nous entendîmes à
proximité la voix d’hommes chassant sur la plaine ».
§
24. Dála Artúir meic Benne Brit, do eisidh ina dhuma shealga
annsinn cona mhuintir. Indsaighter linne iat co h-athlamh & ro
mharbhsam muintir Artúir uili, & iadhus Oscar a dá láimh um
Artúr & ainices h-é, & tucsam ar trí coin lind. Ocus
déchuin ro dhéc Goll mac Mórna secha con-faca in t-ech bocóidech
dubh-ghorm co srian co cumdach óir fria, & in décsain ro dhéc
dá láimh clí con-faca in n-ech n-donn n-dóghabh(á)la &
srian línaidi láin-geal d' airget aith(legtha) fria co m-béilgibh
óir fris, & g(abus) (G)oll in t-each-sin & cuiris h-í i
láim Oisín, & cuiris Oisín i l-láim Dhiarmada í Dhuibhni, &
táncamar romuinn iar m-buaidh coscair & commáidme, & cinn
na trí naonbar linn, & ár coin & ár n-eich & Artúir
féin a láim lind, co Beind Éadair meic Éatgáith an fhénneda, &
tangamar assidein co h-airm i m-búi Find, co Senmagh n-Elta
n-Edair.
§
24. Artúir, fils de Benne des Brittons, était assis là sur son
tertre de chasse avec sa suite. Nous les attaquâmes tout de suite
et nous tuâmes tous ses hommes, mais Oscar de ses deux mains saisit
Artúir et l’épargna. Nous retrouvâmes également nos trois
chiens. Alors Goll, fils de Morna, regarda autour de lui et vit un
étalon pommelé, noir brillant, avec une bride ornée d’or. A sa
gauche il vit une jument vive, alezan, avec une bride d’argent
brillant, texturée et raffinée, et le bout fait d’or. Goll
captura les deux chevaux et les confia à Oisín qui à son tour les
donna à Diarmait, le descendant de Duibne. Après avoir célébré
notre victoire et notre triomphe, nous rentrâmes avec les têtes
des trois neuvaines de serviteurs, avec nos chiens et nos chevaux,
et avec Artúir comme prisonnier, à la colline d’Étar, fils
d’Étgáeth le guerrier. De là, nous allâmes à la rencontre de
Finn, sur la Vieille Plaine des Troupeaux d’Étar (Senmagh
n-Elta n-Edair).
§ 25. Ocus táncamar isin pubaill i
raibhe in rígh-fheinnid, & at-bert Cáilte:
§
25. Ils entrèrent dans la tente du roi des Fianna. Caílte récita :
Do-ratsamar Artúir linn co n-derna
a cura re Finn
cur'ba óglách d' Fhinn iar soin cusin laithi luid d' écoibh.
cur'ba óglách d' Fhinn iar soin cusin laithi luid d' écoibh.
« Nous avons apporté ici Artúir
pour faire sa paix avec Finn.
Il resta le guerrier de Finn, jusqu’au
jour de sa mort ».
§
26. Aincemaid Artuir 'arsin & marbmait a muintir, & tucsam in
dana n-ech-sin d' Fhinn .i. in feir-ech & in bain-each, & is
da síl-sin do bhí echradh na Fénne uili, ór nír' chleachtsat
eich co sin. Ocus ruc in bain-each ocht tairberta & ocht serraig
gacha tairberta, & tucadh do dronguibh & do dheg-dáinib na
Fénne na serraigh-sin, & do-rónta carpuid acu iarsin.
§
26. « (…) Nous présentâmes les deux chevaux, l’étalon et
la jument, à Finn, et de cette souche proviennent tous les chevaux
des Fianna, qui n’avaient pas de chevaux auparavant. La jument eut
huit portées, et elle portait huit poulains à chaque fois. Les
poulains furent donnés aux guerriers et aux nobles des Fianna, qui
alors construisirent des chariots ».