Les trois lignées du néo-druidisme
Tous les mouvements néo-druidiques actuels proviennent de l'une des
trois branches suivantes (quand ils ne sont pas de génération
spontanée) :
Le 22 septembre 1717, à la Taverne du Pommier à Londres, le
libre-penseur irlandais John Toland (1670-1722) fonde le Druid
Order (Ordre des Druides). Rappelons que, parmi les quatre loges
maçonniques ayant fondé la première Grand Lodge de Londres trois
mois plus tôt, le 24 juin 1717, l'une d'entre elle se réunissait
justement à la Taverne du Pommier. Le successeur de John Toland à
la tête du DO fut William Stukeley, pasteur anglican et franc-maçon
dès 1721. Cette lignée perdura. Elle fut un temps très proche de
la Golden Dawn de Mac Gregor Mathers, qui lui insuffla un esprit
ésotérisant. En 1975, elle donna naissance à l'Order of Bards,
Ovates and Druids (OBOD), très actif aujourd'hui.
Le 28 novembre 1781, à la King's Arm Tavern de Londres, le
charpentier Henry Hurle fonde la deuxième branche du néo-druidisme,
sous le nom de Ancient Order of Druids. On ignore de qui il
revendique l'héritage, ni même s'il était en lien avec le DO de
John Toland. L'AOD prend une forme para-maçonnique et, en 1833,
cette branche se transformera en société mutualiste, encore
existante aujourd'hui.
En 1770, un ouvrier maçon gallois émigré à Londres, Edward
Williams, prend conscience de la valeur des chants traditionnels de
son pays natal. Il prend le nom de Iolo Morganwg, et se met à les
compiler, sans doute en les arrangeant quelque peu, à la manière
des poèmes ossianiques de Macpherson, alors à la mode. Le 21 juin
1792, sur la colline de Primrose Hill à Londres, Morganwg réunit
quelques bardes gallois et proclame la première « Gorsedd »
(trône, assise, assemblée) druidique. Pour ce faire, il met en
place un cercle de pierres, en référence aux grands monuments
mégalithiques, notamment à celui de Stonehenge, qu'on croyait alors
avoir été conçus par les Celtes, et il improvise un rituel de son
invention. En 1819, Morganwg a l'idée de répéter son rituel et son
cercle de pierre à l'eisteddfod (concours de poésie
galloise) de Carmarthen. Petit à petit, les deux événements
coïncident, et la Gorsedd, devenue une institution permanente, prend
en quelque sorte le contrôle des concours de poésie bardique
gallois. Les écrits de Iolo Morganwg ont été majoritairement
publiés après sa mort : les Iolo Manuscripts, le
Barddas renferment une grande quantité de poèmes et de
« traditions bardiques », que la critique contemporaine a
clairement identifiés comme largement inventés par l'auteur. On y
trouve notamment une « théologie bardique » reflétant
les conceptions chrétiennes personnelles de Iolo Morganwg, et son
interprétation des traditions galloises. C'est pourtant cette
« théologie » qui a encore cours aujourd'hui dans
beaucoup d'organisations néo-druidiques issues de cette lignée
galloise – et qui forme la base du livre de Robert Ambelain « Les
traditions celtiques ».
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