Aspects du
ternaire :
Les trois
formes du christianisme
Rappel :
Il
existe une correspondance vraie entre différents « niveaux de
réalité » de la manifestation, selon une structure ternaire
qui provient de la nature même de la Création divine : cette
structure hiérarchisée comprend, de haut en bas :
- un niveau non créé, non perceptible aux sens, donc indescriptible (niveau informel) ;
- un niveau intermédiaire créé et non directement perceptible par les sens, mais qui se manifeste par son activité (niveau formel subtil) ;
- un niveau matériel créé et perceptible par les sens (niveau formel grossier).
Ce ternaire fondamental est présent dans la doctrine
martinéziste-martiniste (monde surcéleste, monde céleste, monde
terrestre) ; dans l'anthropologie traditionnelle (Esprit/pneuma
– âme/psyché – corps/soma) symbolisé dans le corps humain
(tête-thorax-abdomen) ; dans le Rite Écossais Rectifié (entre autres : trois
classes de l'Ordre : Profession, classe Chevaleresque, classe
Maçonnique) ; dans le Temple de Salomon
(Sanctuaire-Temple-Porche) ; dans les doctrines gnostiques
(classement des hommes en « spirituels », « psychiques »
et « hyliques ») ; dans les trois fonctions
duméziliennes (fonction sacerdotale, fonction guerrière, fonction
productrice), qui comportent de nombreuses applications
mythologiques, sociales, médicales, poétiques, etc. On en trouve
aussi des illustrations dans l'islam (haqiqa-tariqa-sharia) ou le
bouddhisme (sangha-dharma-bouddha, ou encore esprit-parole-corps)...
Ce qu'on appelle « christianisme » peut être
appréhendé selon cette grille. Ainsi, il existe un christianisme
« religieux », un christianisme « ésotérique »,
« initiatique » ou « mystique », et un
christianisme « en esprit et en vérité », correspondant
réciproquement aux niveaux 3, 2 et 1 du ternaire fondamental.
Le christianisme « religieux »
C'est celui qui s'adresse à tous les hommes. Il est
constitué de rites collectifs et individuels, des sacrements, des
églises, du clergé, du patrimoine architectural et artistique, de
tout ce qui est visible. Comme le corps, il est composé d'une
multitude d'éléments, d'organisations, de tendances. Son mode
d'expression est théologique et scolastique.
Le christianisme « ésotérique »,
« initiatique » ou « mystique »
Il se laisse moins bien appréhender, parce qu'il est
plus caché. Comme les eaux souterraines qui ressurgissent par
endroit, il se manifeste à l'occasion, on perçoit ses « effets »,
mais il n'apparaît pas directement au grand jour. Il comprend les
doctrines et les pratiques initiatiques de l'hermétisme, du
néo-platonisme, de la kabbale chrétienne et de l'illuminisme, ainsi
que toutes les formes de la mystique chrétienne, des Pères grecs à
Maître Eckhart, Jean de la Croix ou Thérèse de Lisieux. La
franc-maçonnerie rectifiée relève de ce christianisme-là. Son
mode d'expression est poétique, symbolique et théosophique.
Le christianisme « en esprit et en vérité »
C'est bien sûr celui auquel nous appelle le Christ
(Jean 4, 1-26). C'est le « plus pur esprit du christianisme »,
qui est la réalisation en nous-même de notre nature divine,
adoration du Père, culte primitif et éternel. Ce christianisme
spirituel est en réalité aussi l'aboutissement de la voie
bouddhique, de l'islam mystique, de la moksha hindoue. Seul ce
christianisme-là est universel puisque dégagé des formes. Il n'a
pas de mode d'expression, car en réalité tous les modes
d'expressions sont à lui, et celui qui a reçu l'Esprit est capable
de s'exprimer dans toutes les langues (Actes 2, 1-4).
Comme le corps sans l'âme, le christianisme religieux
sans l'initiation n'est qu'un cadavre, et comme l'âme sans corps,
l'initiation sans pratique extérieure n'est qu'un fantôme. Les deux
sont liés. De même qu'il n'y a pas de rupture, de solution de
continuité, entre le corps, l'âme et l'Esprit, de même les
frontières internes entre les formes du christianisme ne sont pas
étanches.
Par-delà la diversité des corps et des âmes, l'unité
spirituelle du « plus pur esprit du christianisme », en
esprit et en vérité, est ce qui « donne l'Être à tout ce
qui existe ».
Petit commentaire concernant le bouddhisme :
RépondreSupprimerle trio " sangha-dharma-bouddha " fait référence aux "trois joyaux". Ceux si ne correspondent pas (à mon avis) aux trois niveaux de réalités décrit dans le post. Ces trois joyaux décrivent assez prosaïquement ce qui permet une pratique dans la continuité :
Le Bouddha = le maître ou l'instructeur qui guide.
Le Dharma = se reconnaître comme étant dans la Voie (une traduction possible de Dharma)
Le sangha = la communauté de pratiquant qui est une réelle aide à l'assiduité.
Quand on prend refuge, on se met sous la protection de ces trois joyaux qui peuvent être vu comme qq choses de très terre à terre. Petite note supplémentaire, l'ordre qui convient c'est Bouddha / Dharma et Sangha.
Ce trio n'est pas équivalent non plus à corps, parole, esprit.Ce dernier me semble plus proche des trois niveaux d'existence même si là encore, je sens une envolée mystique qui ne convient pas trop au "corps parole esprit".
Le TRUC mystique dans le bouddhisme qui me semble le plus se rapprocher des trois niveaux s'appelle les "les trois corps de Bouddha" ou trikaya. J'avoue ne pas maîtriser la signification profonde de cela donc je n'en parlerai pas.
Emmanuel
Oui, j'ai lu un petit livre intitulé "Corps-âme-esprit par un bouddhiste", par Jean-Pierre Schnetzler, où on aborde le Trikaya, mais l'accent est surtout mis sur les "trois mondes" (kamaloka, rupaloka et arupaloka). Je maintiens cependant que les deux ternaires bouddhistes évoqués dans mon article ont un rapport essentiel avec le ternaire fondamental.
Supprimer