ACALLAM NA
SENÓRACH
Contes
des Aînés d’Irlande
bilingue irlandais –
français
Trad.
fr. de Frédérick Morvan, d’après la trad. anglaise d’Ann
Dooley et Harry Roe. Le texte de référence est celui publié par
Whitley Stokes, Acallamh na Senórach
in Irische Texte, Ed.
Whitley Stokes et Ernst
Windisch. series 4 volumes 1 (1900) pages xiv+1-438
§ 1. Ar tabhuirtt
chatha Chomuir & chatha Gabra & chatha Ollurbha, & ar
n-díthugud na Féindi, ro scáilset iar sin ina n-drongaibh &
ina m-buidhnibh fo Eirinn co nár' mhair re h-amm na h-uaire-sin díbh
acht madh dá óclách maithe do dereadh na Féinde .i. Oisín mac
Find & Cáilti mac Crundchon, mhic Rónáin ar scíth a lúith &
a lámhaigh, & dá naonmar óclách maraon riú, & táncatar
in dá naonmar laoch sin a h-imlibh Shléibhe Fuait fond-scothaigh
foithremhail co Lughbhartaibh Bána amach, risa n-abar Lughbhudh isin
tan-so, & do bhádar co dubach do-mhenmnach ann re fuinedh néll
nóna in oidchi-sin.
§ 1. Après les
batailles de Commar, Gobair et Ollarba, les Fianna furent détruits.
Les survivants se dispersèrent en petites troupes à travers
l’Irlande et, à l’époque où notre histoire commence, deux
seulement des nobles des anciens Fianna étaient encore vivants, à
savoir Oisín, le fils de Finn fils de Cumall, et Caílte, le fils de
Crundchú, fils de Rónán. A cette époque, leur ancienne adresse au
combat avait fort décliné. Seize des guerriers fianna voyageaient
avec eux à travers les pentes boisées et fleuries des Fews
(Shléibhe Fuait). Un soir, ils avaient atteint le Jardin des
Herbes Claires (Lughbhartaibh Bána), appelé aujourd’hui
Louth (Lughbhudh), et ils s’assirent là, au coucher du
soleil, pleins de regret et de désespoir.
§
2. Is annsin adubairt Cailte re h-Oisín: ‘maith, a anum, a Oisín,
cá conair no rachmais riá n-deóidh laoi d' íarraidh áighedechta
na h-oidhchi so?’ ‘Ní fhetar ón’, ar Oisín,‘ó nach
maireann do shenaibh na Féinde & do shen-mhuindtir Fhind mhic
Chumhaill acht triar amháin .i. misi & tusa, á Cháilti, &
Cámha in bhanfhlaith & in ban-choimétaidh ro bhúi ac coimhét
Fhind mhic Cumhaill ón uair fa macaem h-é gusin laithe a fuair
bás.’ ‘Dligmít feis dithat na h-aidchi-so di’, ar Cáilte,
‘uair ní h-éiter a rímh ná a aisnéis in mhéit ro thoirbir in
flaith-féindidh Find di-si do shétaibh & do mháinibh re taobh
in treas sét is ferr fuair Find riam do thabairt di .i. in
t-Anghalach, cornn tuc Moríath ingen ríg mhara Grég do Fhind, &
tuc Find do Chámha.’
§ 2. Caílte dit alors à
Oisín : « Eh bien, bon Oisín, où irons-nous, avant la
fin du jour, afin de trouver quelque hospitalité pour la nuit ? ».
« Cela, je ne le sais », dit Oisín, « car, des
anciens des Fianna, les vieux compagnons de Finn mac Cumaill, seuls
restent trois d’entre nous : moi, et toi, Caílte, et la Dame
et Gardienne Cáma, qui veilla sur Finn depuis son enfance et jusqu’à
l’ultime jour de sa mort. » « Nous pouvons certainement
attendre d’elle l’hospitalité pour ce soir », dit Caílte,
« car personne ne saurait décrire les dons et les trésors que
Finn, le Seigneur des Fianna, lui offrit. Il lui donna même la corne
à boire Angalach, un des trois meilleurs trésors qui lui vinrent
jamais, que Móriath, la fille du Roi des Mers des Grecs, donna à
Finn, et Finn à Cáma. »
§
3. Ocus fuaradar feiss na h-oidchi-sin ac Cámha, & ro fhiarfaig
díbh a n-anmanda, & ro indsetar di, & ro chái annsin frasa
díchra dér, & ro fhiarfaigset scéla d' aroile ainn-séin, &
táncatar iarsin isin teach leaptha ro h-órdaiged dóibh, & ro
bhói in bhanfhlaith .i. Cámha, ac órdugud a cotach .i. núa cacha
bídh & sen cacha dighi, do thabairt dóibh: uair rob aithnídh
di-ssi mar do biadtái a samhla-sumh, & rob aithnidh di fóss in
ní bud dáoithin d' Oisín & do Cháilti co menic roime-sin.
Ocus ro éirigh sí co h-anmfhann étláith, & ro bói ac imrádh
na Féinde & Fhind mic Cumaill, & táin(ic sí) tar imrád
Oscair mhic Oisín & tar Mac Lugach, & tar chath (Gabra &
aroile). Ocus ro mhuidh tocht mór orro-sumh uime-sin.
§ 3. Cáma leur offrit
le gîte pour la nuit, et leur demanda qui ils pouvaient bien être.
Quand ils lui dirent leurs noms, elle versa des larmes nombreuses et
amères. Chacun interrogea l’autre sur les nombreuses années qui
avaient passé depuis leur dernière rencontre ; après quoi ils
se rendirent dans la salle des hôtes, qu’elle avait
approvisionnée. La Dame Cáma leur avait apporté les nourritures
les plus fraîches, avec les plus vieux vins. Elle savait bien
comment ces hommes avaient été nourris dans les anciens jours, et
aussi la grande quantité de nourriture dont Oisín et Caílte
avaient besoin. Aussi faible et impotente fût-elle, elle parla avec
eux des Fianna, et de Finn mac Cumaill, ainsi que d’Oscar, fils
d’Oisín, de Mac Lugach, de la bataille de Gabair, et d’autres
sujets. Leurs souvenirs firent tomber sur eux un grand silence.
(à suivre...)
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