Chaudron de Gundestrup |
La
tradition celtique est à la mode aujourd'hui. Il y a une sorte de
fascination à son sujet, et ce d'autant plus qu'on ne la connaît
pas. Elle fait l'objet de tous les fantasmes, au point que les Celtes
apparaissent parfois comme des sages écologistes et féministes, des
magiciens détenteurs de fabuleux secrets disparus, ou même des
sortes d'Elfes tout droit sortis du Seigneur des Anneaux de Tolkien.
Il n'en est rien, évidemment. Les Celtes étaient des peuples comme
les autres peuples de leur époque, et leur tradition ne nous semble
mystérieuse que parce qu'elle ne nous est parvenue que de façon
parcellaire.
Je
voudrais vous présenter cette tradition celtique selon trois points
de vue, correspondant au ternaire « corps, âme et esprit ».
Le
corps
de la tradition celtique, ce sont les Celtes eux-mêmes. Mais
précisons tout d’abord ce que l’on entend par « celtique ».
D’un
point de vue strictement scientifique, les Celtes sont un ensemble de
peuples qui parlent des langues partageant des traits communs. Sans
entrer dans le détail linguistique, les langues celtiques
appartiennent à la grande famille indo-européenne – au même
titre que les langues indiennes, iraniennes, germaniques, grecques,
slaves ou italiques. Un certain nombre de critères linguistiques
permet d’identifier une langue comme celtique, par exemple la
disparition de la lettre P à l’initiale de certains mots (le mot
latin « pater », par exemple, a pour équivalent celtique
le mot « atir »), ou le traitement qui est fait à tel ou
tel phonème indo-européen. Par l'analyse de quelques rares textes
antiques en langue celtique, par les noms de personnes ou de lieu, on
a pu constater plusieurs foyers de langue celtique dans l’Europe
antique, apparentées au groupe des langues italiques, comme
l’ombrien, l’osque, ou le latin. Une origine centre-européenne
est probable, mais est encore discutée par les spécialistes.
Aujourd'hui, seules quatre langues celtiques sont encore vivantes, et
sont classées en deux groupes : le breton et le gallois constituent
les langues britonniques ; l'irlandais et le gaélique d'Écosse
forment le groupe gaélique.
Les
Celtes sont nommés pour la première fois dans les textes grecs au
V° siècle avant le Christ. Ce sont des « Barbares », au
sens hellénique du terme, qui vivent au nord du monde méditerranéen,
de l’Europe centrale aux rives de l’Atlantique. L’archéologie
a permis d’identifier ces peuples dans des régions aussi
différentes que les territoires actuels de l’Autriche, la Suisse,
le nord de l’Italie, l’Espagne et le Portugal, la Yougoslavie, le
sud de l’Allemagne, la France, et bien sûr les îles britanniques,
Grande-Bretagne et Irlande. Au 4° siècle avant notre ère, les
Celtes viennent au contact des Romains. Des groupes passent même le
Bosphore, et s’installent en Asie Mineure, sous le nom de Galates,
pour qui saint Paul écrira l’une de ses Lettres.
En
390 avant l’ère chrétienne, des Gaulois mettent à sac Rome.
C’est le fameux épisode des oies du Capitole. Il s’agissait de
Gaulois Cisalpins, c’est-à-dire habitant le nord de l’Italie.
Mais dès le 3° siècle, ces Gaulois reculent devant la montée en
puissance de Rome. Par paliers successifs, le monde celtique cède
devant la République puis l’Empire romain. En - 52, César met fin
à l’indépendance des peuples de la Gaule Transalpine – la nôtre
–, malgré quelques révoltes pendant les siècles suivants. La
Grande-Bretagne est envahie à partir de 43 après Jésus-Christ,
jusqu’au mur d’Hadrien, qui marque aujourd’hui la frontière
écossaise. Seule l'Écosse, peuplée alors de Pictes, et l’Irlande
gaélique, échappent à la domination romaine et conservent des
structures traditionnelles celtiques. Au V° siècle, les Romains se
retirent de Grande-Bretagne devant l’invasion anglo-saxonne, et les
Celtes de Grande-Bretagne, les Bretons, devront se débrouiller seuls
face aux envahisseurs. C’est l’époque du roi Arthur historique,
qui voit les Bretons reculer vers l’ouest et le sud, pour ne plus
peupler que le Pays de Galles et la Cornouaille britannique, et
émigrer en Armorique devenue Petite Bretagne, qui est ainsi
re-celtisée.
(à suivre...)
L'hypothèse sur l'origine des Celtes, représentée par la carte ci-dessus, fait l'objet d'une controverse, et notamment de la part d'un chercheur français qui s'appelle... Frédéric Morvan (ce n'est pas moi).
RépondreSupprimerVoir ici : http://www.mysciencework.com/news/7423/une-nouvelle-vision-de-l-origine-des-celtes
Bonjour Fred,...c'est un Univers qui m'en demeure vraiment inconnu..mais j'aime cette façon d'écrire,et prendrais le temps de parcourir cela....C'est instructif et très intéressant déjà...En outre,merci d'avance pour ce que je vais découvrir et apprendre ici...Ciao ciao...Marco
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