La
société
celtique
traditionnelle est typiquement indo-européenne. Elle est même
particulièrement archaïque, par rapport aux autres sociétés du
continent (latine, grecque, germanique), c'est-à-dire qu'elle
présente des traits caractéristiques de la société
indo-européenne ancienne telle qu'on a pu la reconstituer. Elle
offre d'ailleurs de nombreux points communs avec la société
indienne, elle aussi très conservatrice de la tradition
indo-européenne.
Cette
société se caractérise principalement par la tripartition : elle
est ainsi divisée en ce que Georges Dumézil a appelé les
trois fonctions
: la première fonction, dite sacerdotale, regroupe les détenteurs
du savoir et de l'autorité
spirituelle,
intermédiaires entre les hommes et les dieux, sources de toute
légitimité : les druides.
Leur principal attribut est la Sagesse.
La deuxième fonction rassemble les guerriers,
aristocratie de combattants et cavaliers, possesseurs et
distributeurs de la richesse, et parmi lesquels se recrutaient les
rois, détenteurs du pouvoir
temporel. Ils se
caractérisent par la Force.
Autorité spirituelle et pouvoir temporel forment ensemble la
Souveraineté,
clé de voûte de la société celtique et objet de nombreux mythes.
Le roi Arthur et Merlin l’Enchanteur sont l’une des
manifestations de ce couple sacré, jusque dans la littérature
médiévale et le cinéma moderne. La troisième fonction, enfin,
celle des producteurs,
comprend surtout les artisans, extrêmement respectés dans la
société celtique, dont l'attribut est la Beauté,
ainsi que les possesseurs de bétail (en irlandais : bo
aire). Cette
société fonctionnait selon des règles très strictes et
juridiquement codifiées, sous le contrôle permanent de la classe
druidique, qui avait prééminence sur celle des nobles et guerriers.
Cette tripartition sociale, plus souvent idéale que réelle, se
retrouve dans la doctrine médiévale des trois ordres. Elle est une
des grandes idées-forces des civilisations indo-européennes, et
s'appuie sur le ternaire fondamental qu'on retrouve aussi dans la tradition maçonnique, par exemple dans l'anthropologie
traditionnelle esprit-âme-corps et dans la forme du Temple.
Les
druides
n’étaient pas seulement des prêtres au sens où on l’entend
aujourd’hui. Certes, ils présidaient au sacrifice, et leur qualité
sacerdotale est certaine. Mais ils étaient plus globalement les
détenteurs de la Connaissance. La poésie et la littérature orale
étaient de leur ressort, comme les généalogies royales, le droit
et la justice, l’enseignement des jeunes, la médecine, la musique,
l’architecture, et la divination. Le mot druide signifie
étymologiquement « les Très Savants », mais il y a
aussi un jeu de mot entre le nom de l’arbre et celui de la
Connaissance, « *-uid ». En effet, pour les Celtes,
l’arbre et le bois en général sont des symboles de la
Connaissance.
Le
roi
est l’autre personnage sacré de la Tradition celtique. Ce n’est
pas vraiment un dirigeant politique, mais un être exceptionnel,
choisi par les dieux – souvent grâce à la victoire sur le champ
de bataille. Son intronisation faisait l’objet d’un rituel
complexe, au cours duquel il épousait littéralement la Terre,
parfois même sexuellement sous la forme d’une jument. Le roi ne
possédait pas le pouvoir absolu. Il était soumis à la loi, et
faisait l’objet de nombreux interdits et tabous. Il est issu de la
classe des guerriers ou nobles, que César appelle equites,
« chevaliers ».
Les
artisans,
enfin, jouissaient d’une haute considération, et les meilleurs
d’entre eux possédaient un statut égal aux rois ou aux grands
druides.
Cette
société était régie par un code légal qui nous est relativement
bien connu, en raison de sa longue conservation dans l'Irlande
médiévale et moderne, où on l'appelle « droit brehon ».
(à suivre...)
(à suivre...)
Très intéressant * merci Mr Morvan
RépondreSupprimerTjs aussi plaisant et enrichissant..Merci Fred.:)
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